La fac en Inde ... la quoi ?

Journée de cours plutôt ... intéressante, que je ne résiste pas à l'envie de vous raconter :) (on est là pour ça après tout).

Déjà, petit point climatique : la mousson a bel et bien commencé. Il pleut à peu près sans interruption depuis trois jours, plus ou moins densément ... Les Indiens l'attendaient avec impatience nous dit Amit, puisqu'il y a une pénurie d'eau ... dont nous faisons les frais depuis 2 jours !
Ce matin donc, il pleut. Fort. Tellement que je n'ai pas envie de quitter l'appartement, mais en warrior que je suis, je me lance sous la tempête. Enfin, à l'abri dans le rickshaw tout de même ... [Il faut 35 minutes pour aller à pied jusqu'au Fergusson College, je prend donc toujours le rickshaw pour y aller, et je rentre en marchant quand je suis motivée]. Premier cours d'Anglais à 8h20, sur le théâtre : 5 personnes dans la salle, sur les 25 habituels ... Le prof arrive, et avoue qu'il n'est pas surpris que par cette pluie peu d'étudiants soient venus. Il a vaguement parlé de problèmes avec le bus, mais une absence de motivation me paraît plus probable ... Il a donc engagé la conversation avec les quelques rescapés. Puis il m'a demandé de raconter comment se passent les cours dans mon université ... heu, comment dire ... on a des vrais cours ? :) Non, j'exagère, ce professeur a l'air de vraiment aimer enseigner et propose un cours structuré et intéressant, qu'il n'a apparemment pas sorti d'un bouquin. Dommage que ce soit le premier cours de la journée et qu'il ait l'air de ne jamais être absent.
Oui parce que donc, les cours suivants : je croise le professeur de Géographie humaine en sortant de l'anglais. Il me sourit (il est gentil) : "No lecture today". Comment ça pas cours ? Ses séances du mardi durent 30 minutes (en même temps il y a toujours 5 étudiants maximum ...) et depuis deux semaines, il n'a pas fait cours le vendredi. Lui semble être plutôt le genre de prof qui sait des choses mais qui n'a pas trop envie de se fouler pour les enseigner. Donc, pas de géo aujourd'hui, ne demandez pas pourquoi ...
Donc, il est 9h10, il pleut toujours, je n'ai pas cours de géographie, et la prof de socio nous a avertis hier qu'elle ne ferait pas classe aujourd'hui (ni mardi d'ailleurs). Cette prof-ci est très motivée, beaucoup d'élèves viennent à ses cours (ce qui est très bon signe!) et elle fait participer, lançant des débats sur les thèmes du cours, en relation avec l'aide sociale en Inde. C'est en général intéressant ; je dis en général parce que je suis quand même "larguée" de temps en temps, soit parce qu'ils font référence à un évènement arrivé en Inde qu'ils connaissent tous sauf moi, soit parce qu'on entend rien quand les autres font des interventions (il faut dire que les salles de classe ressemblent un peu à celle d'Harry Potter : murs en pierres, poutres apparentes, plafonds très hauts ... et puis on y croise des crapauds, des pigeons, parfois même des chiens !).

Il est toujours 9h10, je n'ai pas cours de géo, ni de socio, et personne au département de Sciences Politiques ne peut me dire si la séance de 10h50 sur l'Inde dans le monde est maintenue. Je me résigne à attendre deux heures -il faut garder en tête que je ne peux pas me poser dans le jardin de la fac puisqu'il est plein de boue, que je suis toute seule, et que j'ai très envie de dormir-.

J'ai quand même fait la connaissance d'un étudiant afghan, qui m'a un peu parlé  de son pays : ce n'est pas souvent qu'on nous parle de l'Afghanistan vu de l'intérieur ! J'ai donc appris qu'il y neige la moitié de l'année, que les jeunes quittent le pays pour aller étudier ailleurs, et que la grande majorité de la population ne voit la guerre qu'à la télé, puisque sur les quelques centaines de districts afghans, seuls deux connaissent la guerre (si j'ai bien compris).
Je suis ensuite allée faire un tour à la bibliothèque, sans savoir très bien si j'étais autorisée à y rester, puisqu'il n'y avait aucun étudiant ... J'ai eu du mal à trouver un livre qui ne soit pas en marathi /hindi ou sur les sciences, et j'ai donc atterri sur de la philosophie française. [Alors d'accord, c'est pas bien que la philo qu'on nous enseigne en France ne parle pas des philosophies "orientales" tout ça, mais en même temps, même les livres de philo dans les universités indiennes ne mentionnent que Platon, Descartes, Rousseau, Marx, Nietzsche, Sartre et compagnie ! ... ] Bref, j'ai fini par m'endormir à la bibliothèque, en mettant un réveil au cas où pour aller à mon dernier cours.

Donc le dernier, last but not least ...* je suis allée attendre devant la classe d'allemand pour mon cours de Sciences Politiques (oui parce que la classe qui nous est assignée risque de s'effondrer à tout moment). A 11h, je ne savais toujours pas si j'avais cours à 10h50. En fait, la prof était en train de manger. Normal. Elle est arrivée à 11h10 en nous disant qu'elle devait repartir à la demie. Normal. C'est dommage parce que le cours est intéressant, comme elle l'a dit elle-même ce sera passionnant pour moi de mettre en perspective les deux points de vue, occidental et indien, sur les relations internationales. Par exemple, comme elle l'a souligné, l'appellation "Moyen-Orient, Orient, Extrême-Orient" est absurde puisqu'elle place l'Europe au centre, il faut donc dire "Asie, Asie occidentale, Asie Orientale". Ce cours m'a également donné l'impression que cette prof en sait beaucoup mais qu'elle ne veut pas se compliquer la vie : pour faire son cours, elle prend un livre, et illustre les idées qu'elle avance par des passages du livre. Et comme elle le dit elle-même, les étudiants ne viendront plus à son cours, puisqu'il suffit d'acheter le même manuel ...
Un autre étudiant afghan m'aborde à la sortie du cours ; comme à chaque fois, je dois répéter que je suis étudiante en échange et que l'accord avec mon université me permet de choisir quatre cours quels qu'ils soient sans me limiter à un cursus ; mais les étudiants comprennent la situation assez vite, et s'intéressent beaucoup à nous. Ces discussions de quelques minutes me font oublier l'attitude de la majorité des Indiens que l'on croise. Je ne sais pas si ces rencontres se transformeront en amitiés, surtout que les étudiants viennent très peu en cours, mais je me sens mieux accueillie à la fac que n'importe où ailleurs ...
Et maintenant, levée à 7h3 + fin des cours à 11h30 + l'après-midi libre = sieste ! C'est mathématique.

* le dernier mais non le moindre

Comments

[thierry]

bon c'est cool , je pense que tu plus apprendre dans les couloirs que dans les salles , ici il ne pleut pas !! bisous